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21 mai 2011 6 21 /05 /mai /2011 07:25

Après Dominique Dyens et Dominique Marny, Yann Suty nous parle de son livre de chevet. Concepteur-rédacteur dans la publicité, Yann Suty, est aussi titreur dans un journal. En 2009, son premier roman Cubes est publié aux éditions Stock suivi d'un deuxième, Les Champs de Paris, paru en janvier dernier chez le même éditeur.

  

« Je n’ai pas vraiment un livre de chevet, mais il y en un qui revient, qui refait surface régulièrement, c’est Le rivage des Syrtesde Julien Gracq. J’ai d’abord eu beaucoup de difficultés à le lire. C’était au programme de mon bac de français. J’avais 17 ans. Difficile si jeune, avec peu d’expérience de lecture, de s’attaquer à un tel monument. J’en connais d’autres qui ont été dégoûtés. Quelle idée de donner ça à étudier à des gosses ! Bravo l’éducation nationale !

  

Je n’ai pas réussi à le terminer, mais j’en ai malgré tout gardé un souvenir fort. Quelques années plus tard, je l’ai lu en entier et l’ai apprécié. J’aime avoir à ralentir le rythme. C’est l’anti page-turner. Plus vous accélérez la cadence de lecture, moins vous comprenez. Le Rivage des Syrtes oblige à prendre son temps, à lire tous les livres comme ils devraient être lus, lentement, en pesant chaque mot.

  

Depuis, je l’ai relu plusieurs fois. Il m’aide à bien écrire. Il me met dans un certain état d’esprit, il me motive, me pousse à retravailler encore et encore mes phrases. On peut faire toujours tellement mieux ! Lire Julien Gracq rend humble. Quand vous voyez ce que vous écrivez et ce dont lui est capable, vous ne pouvez que retourner travailler.

 

Par-dessus tout, j’aime le style du Rivage des Syrtes. Je n’ai pas lu tous les livres qui existent au monde, mais avec ce livre Julien Gracq atteint une perfection inégalée dans l’écriture. Tout est juste. Chaque mot semble réfléchi. La langue est riche, puissante, lyrique. Mais il y a aussi l’histoire. Elle est simple, il ne se passe quasiment rien, mais c’est ça fait sa force. C’est comme certains films contemplatifs (Le Regard d’Ulysse de Théo Angelopoulos, Gerry ou à Elephantde Gus Van Sant) où l’on est envoûté par la beauté des images, la lenteur des choses, des hommes qui disparaissent dans les paysages. Des paysages qui atteignent des sommets de description. »

 

 Photo : David Balicki

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14 mai 2011 6 14 /05 /mai /2011 09:11


Dominique Marny
 fait partie de ces personnes avec qui on pourrait discuter pendant des heures. Journaliste, écrivaine, petite-nièce de Jean Cocteau, elle est l'auteur du très réussi Les belles de Cocteau publié aux éditions J-C Lattès. Depuis quelques années, Dominique Marny organise aussi des expositions. Cette touche-à-tout, passionnée et passionnante,  a répondu à la question suivante : quel est votre livre de chevet ?

 

« En ce moment je lis Les Écorchés de Véronique Chalmet. J’aime beaucoup les polars. En revanche, je lis peu de romans. Je vois tout de suite la technique, les ficelles, si bien que je n’éprouve plus aucun plaisir à lire de la fiction. C’est dommage. Adolescente, je dévorais les classiques : Hugo, Balzac, Maupassant, etc. 

  

Sur ma table de chevet, il y a une pile de livres en attente. Des livres mais aussi des manuscrits que les gens m’envoient. J’essaie de tout lire mais cela prend un temps fou et j’en manque cruellement.

 

Il y a aussi des recueils de poésies (Aragon, Eluard…), des beaux-livres, des catalogues d’exposition. Ce type d'ouvrages a l’avantage d’allier le plaisir de la lecture et le plaisir des yeux.

 

Un livre de chevet n’est pas nécessairement scotché à ma table de chevet, il peut voyager, m’accompagner dans mes déplacements. Et si tel est le cas, c’est plutôt bon signe ! Quand j’aime un livre, impossible de l'abandonner avant de l'avoir terminé ! »

 

Photo : Dominique Marny

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12 mai 2011 4 12 /05 /mai /2011 09:12

 



Ce livre est un petit bijou : couverture rouge, titre en lettres or. Ça y est, vous dites-vous, elle va nous parler d'une encyclopédie. Dans le fond de la salle, certains commencent même à se lever discrètement pour partir. STOP ! Vous n’y êtes pas du tout.

 

Sous des allures faussement académiques se cache La Parisienne. Un livre, publié l’automne dernier aux éditions Flammarion, dans lequel Inès de Fressange (avec la complicité de Sophie Gachet) donne des conseils de mode mais pas seulement… Bonnes adresses, astuces beauté, liste des faux pas à éviter, La Parisienne n’est pas qu’un livre futile. Force est de constater qu’avoir du style fait souvent la différence.

 

La Parisienne a du faire ses preuves et ce n'était pas gagné d'avance. Ceux qui me connaissent, la savent, je ne suis pas née à Paris (Inès de la Fressange non plus d'ailleurs) mais à Bordeaux. De plus, les magazines de mode, au mieux je les feuillette, au pire et c’est souvent le cas, ils m’ennuient et finissent à la poubelle.

  

Et malgré tout, j’ai adoré La Parisienne. Parce qu'Inès de la Fressange ne parle pas de la mode du moment mais de celle, intemporelle, qui donne une allure folle. 

 

Le top : la mise en page très claire, dynamique, à la manière de notes écrites à la va vite dans un carnet.

 

Le flop : les adresses dont les tarifs pratiqués sont parfois très élevés.

 

La Parisienne, Inès de la Fressange, éd. Flammarion.

Lire aussi : http://les-petits-papiers-de-mademoiselle.over-blog.com/article-bonne-annee-2012-de-la-part-d-une-parisienne-95792467.html

 

 Photo : DR

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7 mai 2011 6 07 /05 /mai /2011 07:57

9782846790925FS[1]
1959. Romain part pour l’Algérie. A 22 ans, ce sous-officier de l’armée française, est étranger à la violence des hommes. Épris de littérature, il rêve d'écrire une oeuvre littéraire à la hauteur d'auteurs comme Hemingway, Gary ou Saint-Exupéry. A Bou Saáda, il frôle la mort. Avant de partir pour l’hôpital, le jeune militaire demande à ses hommes d’épargner son agresseur, un certain Saïd.

 

Les années passent. Saïd et Romain poursuivent leur chemin, sans jamais oublier ce passé qu’ils ont en commun. Saïd vit avec sa fille, Samira, seule rescapée du massacre qui a décimé leur famille. Il lui parle de ce militaire français, dont il ignore le nom.

 

Après un mariage raté, Romain, s’est installé à Paris tout près de Saint-Germain-des-Près. Entre le café de Flore, Lipp et la Closerie des Lilas, il croit trouver l’inspiration auprès de la jeune Evelyne... 

 

En dehors de son rôle dans Nestor Burma, je connaissais peu de choses sur Guy Marchand. Avec Le soleil des enfants perdus, son troisième roman, je découvre l'auteur. Les clichés, qui jalonnent un récit à certains égards trop court, agacent. Néanmoins je retiens de cette lecture le charme désuet et quelques jolies phrases. Morceaux choisis :

 

« Il avait laissé ses parents tous les deux sur le quai, tendres et misérables, et le train s’était éloigné en les laissant immobiles telles deux petites ombres de larmes. »

 

« Il n’avait jamais pu supporter la façon de se coiffer de ce président de droite ou de ce premier ministre de gauche, qui portaient une mèche ridicule, barrant leur cerveau, pour camoufler leur misère capillaire. Comment faire confiance à la sincérité des idées qui pouvaient naître dessous ? »

 

« Il faisait beau et à son petit bureau Romain était presque gai devant sa feuille blanche. Elle était blanche et parfaite : elle ne serait imparfaite qu’à partir du moment où il commencerait à écrire. »

 

Le soleil des enfants perdus, Guy Marchand, Ginkgo éditeur.

 

Photo : DR

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5 mai 2011 4 05 /05 /mai /2011 09:00

Immobilite-suspecte[1]
C’est l’été. La fin des vacances approche. Dans la piscine, Marion, fait quelques brasses. Elle est lasse. Son mari, ses enfants, son amant, à ses yeux, plus rien n’a de sens.

 

Il est midi. A quelques mètres de là, dans la maison de famille, Éric attend sa femme. Il meurt de faim. Les enfants, Sophie et Nicolas, commencent eux aussi à trouver le temps long. Une voiture s'avance dans le chemin de terre. C’est Virginie, la soeur jumelle de Marion qui, telle la mère nourricière qu'elle n'est pas, apporte de quoi se sustenter.

 

Dans cette famille, où faux-semblants et non-dits sont légion, tous sont au bord de l'implosion. Le repas est prêt. Il est temps de se mettre à table. Dans la piscine, étrangère au monde qui l'entoure, Marion s'abandonne.

 

Certaines vérités sont dites, d'autres restent tues. Et Marie-Pierre de Contenson, qui signe ici son premier roman, de rappeler que l'irrémédiable, souvent irréparable, n'est jamais insurmontable. Éric, Virginie, Nicolas et les autres composent tant bien que mal avec leur histoire. Au final, tous ont le mérite de ne plus se voiler la face.

 

Immobilités suspectes est un roman tout en finesse malgré quelques longueurs et la réapparition impromptue, presque inutile, de la disparue. 

 

Immobilités suspectes, Marie-Pierre de Contenson, éditions Carnets nord. En librairie le 13 mai.

 

Photo : DR

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15 avril 2011 5 15 /04 /avril /2011 07:59

Quel est votre livre de chevet ? Voilà une question qu'on a tous un jour entendue. Mais qu'entend-t-on au juste par "livre de chevet" ? Est-ce un livre bouleversant dont le souvenir traverse les années, ou le dernier livre de tel ou tel auteur qui vient de sortir en librairie ?

 

Dominique Dyens, dont le dernier roman, Intuitions, est sorti le 31 mars aux éditions Héloïse d'Ormesson, inaugure cette nouvelle rubrique.

 

© David Ignaszewski / Koboy.

 

"Je n’ai pas de livre de chevet si on l’entend au sens d’un livre préféré ou que je relirais souvent. Par contre ma table de nuit est encombrée de livres… Il y a deux piles distinctes, c’est très organisé. Il y a évidemment le livre en cours de lecture, en l’occurrence, je viens de commencer La splendeur des Charteris de Stéphanie des Horts.

Il y a les livres en attente qui me donnent déjà l’eau à la bouche…Beaucoup d’anglo-saxons se bousculent sur ma table comme Maggie O’Farrel dont j’ai absolument adoré tous les romans précédents. Patrick Gale. Et puis pour les thrillers Harlan Coben et Johan Theorin, un auteur suédois que je viens de découvrir.

Il y a aussi les livres qui ne sont pas sortis récemment, des livres que j’aimerais lire ou relire. Parmi eux, en ce moment, une vieille édition des Sœurs Rondoli de Maupassant, Belle de jour de Kessel que je n’ai jamais lu et dont j’avais aimé le film lorsque j’étais plus jeune... Le deuxième tome du tour du malheur de Kessel également, parce que j’avais été éblouie par le tome 1, La fontaine Médicis.

En fait, il y a des strates dans mes lectures. L’urgent et l’intemporel. Tellement intemporels que ces livres-là peuvent rester un an sur ma table de nuit sans que je les ouvre, mais cela me rassure de les avoir à portée de mains.

Parfois, je change. Je renouvelle. Il y a un va et vient dans la pile en attente. C’est étrange, parce qu’au fil des années mon comportement et mes habitudes se sont modifiées.

Avant il n’y avait qu’un livre. Le livre en cours. Point. Maintenant il y en a plusieurs.  Je ne sais pas ce que ça veut dire. Est-ce que je lis plus lentement ? Parfois aussi, cela m’angoisse.

Ma pile diminue plus ou moins vite. Quand un des mes romans en cours est déjà très avancé en écriture, je lis plus lentement. Voire pas du tout…

Ah oui et j’ai également en ce moment un premier roman, Plus sombre que l’ombre de tes ailes que l’auteur, Sébastien Acker, m’a gentiment offert à un salon du livre. J’ai toujours beaucoup de tendresse pour les auteurs qui viennent de publier leurs premiers romans. C’est un moment précieux qui place l’auteur dans un état à la fois de fierté et de fragilité. Ils ont un peu le même regard, la même sensibilité à fleur de peau que des parents qui viennent d’avoir leur premier enfant….

A propos d’enfant, j’ai également des mots de chevet qui sont les mots d’amour de ma plus jeune fille …"

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14 avril 2011 4 14 /04 /avril /2011 10:00

Lors de la dernière réunion du club de lecture, il y a deux semaines, nous avons parlé des livres de Françoise Sagan. Vaste sujet. Certaines avaient lu Des bleus à l'âme, d'autres Aimez-vous Brahms ?...  

 

Pour ma part, du "charmant petit monstre", comme l'appelait François Mauriac, je connaissais seulement Bonjour tristesse. Un roman qui, malgré son style, ne m'avait pas laissé un souvenir impérissable.

 

Il y a quelques mois, je décidais néanmoins d'aller outre ma première impression en participant au "challenge Françoise Sagan" organisé par Delphine et George

 

Pour la réunion du club de lecture, j'ai choisi La petite robe noire et autres textes (parmi lesquels De très bons livres, Au cinéma et Lettre de Suisse), un recueil d'articles publiés dans la presse magazine.

 

Et c'est ainsi que derrière un style pas du tout journalistique, j'ai découvert des gourmandises littéraires à déguster sans modération...

 

La petite robe noire, donc. Le titre à lui seul, minimaliste, implicite, m'a tout de suite plu. Sagan parle de la mode, dresse le portrait d'Yves Saint-Laurent, relate la rencontre entre Peggy Roche et Helmut Newton, etc. 

  

Les textes se succèdent jusqu'à De très bons livres et cette "Lettre à Jean-Paul Sartre", publiée en 1980 dans L'égoïste.

 

"Dieu ou la littérature savent combien j'ai aimé ou admiré d'écrivains, notamment parmi les écrivains de France ou d'ailleurs. Depuis, j'en ai connu certains, j'ai suivi la carrière des autres aussi, et s'il en reste encore beaucoup que j'admire en tant qu'écrivains, vous êtes bien le seul que je continue d'admirer en tant qu'homme."

 

L'auteur de la Nausée, désormais aveugle, vit les derniers mois de sa vie. Après s'être fait lire la lettre, il demande à voir Sagan en tête à tête. La rencontre a lieu, quelques jours plus tard, à la Closerie des Lilas. "Nous formions, je crois, le plus curieux duo des lettres françaises." S'en suit une série de déjeuners hebdomadaires, empreintsde respect, d'amitié et d'émotion. La mort de Jean-Paul Sartre viendra y mettre un terme.

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26 mars 2011 6 26 /03 /mars /2011 11:15

Si le goût pour la lecture est une chose, le rapport du lecteur avec son livre, avec l'objet livre, en est une autre. Indissociable et pourtant antinomique, la relation qu'entretient le lecteur avec ses livres en dit souvent beaucoup sur lui. La façon dont il les range, où il les achète, les pages qu'il corne ou pas, s'il préfère les éditions de poche ou grand format, etc.

 

 

Annie François dans son excellente "autobiobibliographie", revient sur ces manies de lectrice compulsive. Celle qui qui fut, pendant près de trente ans, lectrice dans diverses maisons d'édition, dresse ici un portrait insolite et réjouissant.

 

"Je répugne au marque-page, mais mes livres sont fourrés d'articles, de vieilles lettres, de listes de courses. Saisis au hasard, ils exhalent leurs secrets oubliés. Libérés de l'étreinte de leurs voisins, ils se regonflent de souvenirs aussi puissants que la dédicace de l'auteur ou du donateur. Ils vivent doublement, de leur histoire et de la mienne."

 

Idéal pour les grands lecteurs, Bouquiner, autobiobibliographie, se lit d'une traite. Annie François qui s'est éteinte en 2009, est de ces auteurs dont on aime à se sentir proche. 

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14 février 2011 1 14 /02 /février /2011 07:18

Sophie%20Adriansen[1]
 

La rubrique Entre deux romans, reprend du service dans Les petits papiers de Mademoiselle. Après Annie Degroote, Patrick J. Lambert, Emilie de Turckheim, Marie Charrel et Caroline Vermalle, Sophie Adriansen a accepté de se plier au jeu des questions-réponses. A 28 ans, Sophie est une passionnée de livres, auteur du blog Sophielit, elle participe à plusieurs jurys littéraires et a publié dernièrement Je vous emmène au bout de la ligne aux éditions Max Milo. En attendant son prochain livre, un roman cette fois, elle revient sur cette période un peu hors du temps entre deux romans.

 

 Comment te sens-tu quelques heures avant de remettre un manuscrit ?  

Je suis pétrie de sentiments contradictoires ! Lorsque je considère que mon texte est prêt, c’est que je suis satisfaite. Donc, après la toute dernière relecture, je suis confiante, je jubile même. De là à penser qu’il s’agira du prochain Goncourt… Et pourtant, un ami écrivain me faisait récemment remarquer à juste titre qu’il est prétentieux de penser que ce que l’on écrit peut intéresser quelqu’un d’autre que soit. A quoi bon ? Pour quoi faire ? Cela fait aussi partie des interrogations qui me traversent dans ces instants-là…

 

Et quelques heures après ?

En général, dès que j’ai remis le manuscrit, je doute : suis-je allée au bout de ce que je voulais dire ? Comment mon texte va-t-il être accueilli ? N’aurais-je pas du le retravailler encore ?

La période qui suit la remise d’un manuscrit - l’attente - est très inconfortable psychologiquement, et elle l’est d’autant plus qu’elle n’a pas de terme. Car la réponse, négative comme positive, peut arriver au bout de quelques jours seulement, ou après de nombreux mois… J’essaie donc d’avoir des choses à faire pour m’occuper l’esprit ; sinon, c’est une véritable torture (pour moi et, du coup, pour mon entourage à qui je fais subir cette situation !).

 

Avant même d’avoir terminé un roman sais-tu déjà sur quoi tu écriras ensuite ?

Pas nécessairement. Je suis en ce moment en train d’achever un texte, et je sais précisément quel sera mon prochain projet d’écriture ; je ne cesse d’y penser, je suis impatiente, aussi je note dans un carnet tout ce qui me passe par la tête à son sujet, afin de ne pas avoir l’esprit « pollué », mais je m’interdis de démarrer la rédaction. Chaque chose en son temps.

L’inspiration est une chose étrange. Après l’écriture d’un roman, il m’est ainsi arrivé de me sentir sèche, non pas comme si je n’avais plus rien à dire mais comme si j’avais tout dit- ce qui n’est évidement et heureusement jamais le cas. Et puis, un jour, sans que je sache d’où ça vient, l’idée est là, qui s’impose, et c’est reparti…

 

Qu’apprécies-tu dans ces périodes entre deux romans ?

D’une certaine manière, les périodes de non-écriture sont reposantes. Je glane des bonnes formules, je consigne des bouts de dialogues, sans penser à les hiérarchiser ni à en faire une histoire… Il y a aussi le sentiment du travail accompli, le sentiment d’avoir achevé quelque chose. Mettre le point final à un texte, c’est comme un aboutissement. Mais finalement, cette sensation de plénitude ne dure jamais bien longtemps… 

 

N’est-ce pas compliqué de gérer la promotion de « Je vous emmène au bout de la ligne », ton travail, et tes projets d’écriture ?

Cela se passe bien car c’est un plaisir, et quand on aime, on ne compte pas… ses heures ! Et puis, c’est Rodolphe, que j’ai fait parler pour ce témoignage, qui est surtout sollicité pour la promotion. Pour cet ouvrage, je suis plutôt dans l’ombre. Je prends toutefois conscience de la nécessité qu’il y a d’accompagner un livre, de le porter, de le défendre et de rencontrer ses lecteurs ! Et c’est un bonheur…

 

A quand un nouveau livre de Sophie Adriansen en librairie ?

Mon premier roman paraîtra au troisième trimestre 2011. Il s’intitulera A sa place. Je vais démarrer prochainement le travail éditorial avec l’éditrice, Laura Mare. Cela va être une expérience nouvelle, d’une part parce que l’on ne fonctionne pas de la même façon pour un roman que pour un témoignage, et puis parce que chaque maison d’édition a ses propres règles, son propre rythme. Finalement, cela s’annonce comme une deuxième première fois ! 

 

Peux-tu nous en dire quelques mots ?

Il s’agit des destins croisés de deux jeunes femmes que tout oppose, sur une période très courte - quelques jours seulement. L’intrusion de l’une dans la vie de l’autre par le biais d’un téléphone portable oublié va provoquer certains bouleversements dans l’existence de chacune. Pour la suite, il faudra patienter encore quelques mois !

 

Photo : Sophie Adriansen



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8 février 2011 2 08 /02 /février /2011 07:00


Comment avez-vous connu Séraphine de Senlis ?

Un peu par hasard. Dans le cadre de mes études de psychanalyse, j’ai lu Dans cette nuit peupléede Lucien Bonnafé. Sur la couverture, il y avait une toile de Séraphine Louis dite Séraphine de Senlis et dans le livre une demi-page lui était consacrée. Il n’en fallu pas plus pour attiser ma curiosité. J’ai commencé mes recherches et j’ai finalement choisi Séraphine comme sujet de thèse de psychologie clinique. A l’époque, en 1980-1981, j'ai pu rencontrer des personnes qui l’avaient connue. J’ai par exemple parlé à la sœur du collectionneur Wilhelm Uhde, une vieille dame extraordinaire dont le témoignage m’a été très précieux.

 

Pourquoi avoir attendu toutes ces années pour écrire un livre ?

Mais je n’ai pas attendu ! Après ma thèse, j’ai écrit un premier manuscrit, un roman, puis quelques années plus tard un deuxième texte, plus documenté et enfin un troisième manuscrit, mélange des deux précédents, qui était une biographie romancée. C'est cette dernière version qui a été publiée en 2008. J’ai proposé mes deux premiers manuscrits à une trentaine de maisons d’édition, sans succès. Une biographie de Séraphine avait été publiée et n’avait pas du tout marché, d’où la réticence des éditeurs...

  

Durant la préparation de son film, en 2007, Martin Provost est venu me voir pour parler de Séraphine, de la façon dont je me l'imaginais.

 

 


 


Pour la dernière fois j’ai envoyé mon manuscrit, le troisième, à cinq éditeurs. J’ai eu cinq réponses positives. Comme Phébus avait répondu, c’est avec eux que j’ai choisi de vivre cette aventure et je n’ai pas eu à le regretter.

Qu’est-ce qui vous a fasciné dans la peinture de Séraphine Louis ?

Pour tout vous dire, au début je trouvais ses toiles étonnantes mais je n’étais pas subjuguée. J’avais vu un ou deux tableaux. Avant ses oeuvres n'étaient pas exposée comme elles le sont aujourd'hui. J'avais conscience de son talent mais je n'étais pas fasciné. En 2009, le musée Maillol lui a consacré une exposition. J'ai eu droit à une visite privée et je suis restée bouche bée devant tant de beauté. 

 

Après Séraphine, vous avez écrit sur Marcel Storr, sur quoi portera votre prochain livre ?

Sur le savon d'Alep. J'ai tourné la page des peintres autodidactes. Séraphine, je la porte depuis 30 ans, elle est là, elle m'accompagne. Quant à Marcel Storr, c'est l'histoire d'une rencontre avec M. et Mme Kempf. Aujourd'hui, j'ai envie d'autre chose. 

 

 

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